Ce premier roman de Jacques Renoncourt, instituteur dans une petite ville de province, met en scène des antihéros dont la vie, tissée de joies et de peines mais surtout d'ennui et des frustrations inhérentes à leur milieu, cache, sous l'apparente surface des eaux de la quotidienneté, des courants d'une violence parfois insoupçonnée. Le silence des eaux : Des gens ordinaires... Madeleine, Pierre, Colette et les autres... Et pourtant ! Au-delà des apparences, on découvre des êtres complexes, de chair et de sang, qui trop ou pas assez, qui souffrent souvent, se réjouissent parfois, qui vivent, à n'en pas douter... « Madeleine se leva et s'approcha du miroir... Tu n'es qu'une femme en papier. On peut te froisser, te déchirer, te marquer, te mouiller, te sécher, mais peut-on te brûler ? »
Nous sommes en Flandres, sous un ciel à la Ruysdaël. Un moulin. Près du moulin, un vieux café. Devant le café, notre héros René (Ronny), patron du bistro et personnage central de chaque histoire. Il balaie devant sa porte et s'adresse à la caméra !
« Je m'étais réfugié, pour une commodité liée à mon tempérament de fainéant, dans une sottise feinte. Du sot j'avais, la nature ne m'ayant point comblé, toutes les apparences. » C'est à la fin du XVIIe siècle que débute cette chronique alors que flotte depuis plus de vingt ans sur Lille la bannière fleurdelisée du Roi de France sans que l'âme du peuple de la ville lui soit acquise. Le conteur traverse cette époque troublée avec l'innocence du Candide de Voltaire et c'est avec une grande naïveté - peut-être feinte - qu'il nous livre ses souvenirs marqués par un penchant à la crédulité. Son entendement est celui d'un homme du peuple mais ne croyons pas pour autant qu'il soit incapable de philosopher ou, sur la fin de sa vie, d'analyser avec clairvoyance les mystères de ce monde. En suivant les heurs et malheurs du Nichôt, Gérard Demarcq, dont voici le second roman, nous fait revivre un épisode clef de l'histoire de la Flandre Gallicane, cette province qui fut convoitée tout au long des siècles pour la richesse de ses terres et la beauté de ses villes. La qualité du récit nous tient en haleine et, si le héros est (presque) imaginaire, la trame historique et tous les détails de la vie quotidienne de ces temps nous sont restitués avec la plus rigoureuse exactitude.